Se rendre au cimetière le jour de la Toussaint, fleurir une tombe et se recueillir permet d'entretenir le souvenir de la personne défunte. L'occasion aussi pour les descendants d'entretenir les sépultures. À Civrac-de-Blaye, le cimetière dégage une atmosphère très particulière, proche de celle d'un musée d'art.
L'art funéraire est en effet une façon de se dépasser pour survivre à l'idée de ne plus vivre. Car le destin des hommes ne s'arrête pas à leur décès. Ils survivent dans la mémoire grâce aux traces qu'ils y ont laissées. De même que les monuments funéraires sont là pour rappeler leur existence et ce quils ont réalisé.
Rang social
Le cimetière de Civrac regorge de vieilles pierres et de perspectives offertes par un réseau d'allées. C'est le cimetière des riches bourgeois de la fin du XVIIIème siècle et du XIXème siècle.
Autant il y en a qui ont la mort modeste, autant il y en a qui ont des tombes totalement extravagantes dont des pyramides, sûrement à cause de la vague d'orientalisme très répandue au XIXème siècle. Pour beaucoup, le cimetière évoque le lieu de la dernière demeure ; son importance dépend de la notoriété des personnes enterrées, de leur rang social, de leur fortune aussi ou celle de la famille. Ces familles vont donc rivaliser d'importance, vont tenter de montrer leur appartenance philosophique, leur profession, leur richesse, à travers l'architecture et la sculpture funéraires.
Quelle est la tombe la plus ancienne ? Peut-être celle des curés de la commune, la plus simple tombe du cimetière. Cette tombe se situe juste à côté de l'entrée.
Des rites changeant
Mais la fonction des cimetières se modifie au fil du temps. A chaque époque, correspond une façon d'inhumer, les rites changent, les monuments funéraires évoluent dans leur conception.
Ainsi aujourd'hui, le cimetière comprend plusieurs sections (mais pas de sections religieuses) : un carré militaire, un site cinéraire, pour les incinérations, qui comprend des columbariums (monuments où sont placées les urnes contenant les cendres), des caves urnes (mini-tombes où sont déposées les urnes) et un jardin du souvenir (où l'on disperse les cendres). « L'éternité c'est long, surtout vers la fin », disait le réalisateur Woody Allen. Source : Sud-Ouest / Marie Christine Wassmer, 4 novembre 2015.